1. Le mythe de la vertu collective
On nous répète depuis 70 ans que notre système par répartition est “juste”, “solidaire” et “vertueux”.
Mais l’est-il vraiment ? Et surtout, pour qui ?
Prenons un cas concret :
Un ouvrier gagne 1 950 € nets par mois (moyenne INSEE 2025).
Chaque mois, lui et son employeur versent environ 710 € de cotisations retraite.
Sur 42 années de carrière, cela représente environ 357 000 € versés au système.
Arrivé à 64 ans, il touche une pension moyenne de 1 480 € par mois (données DREES, régime général).
S’il vit jusqu’à 83 ans (espérance de vie moyenne masculine), il percevra environ 340 000 € de retraite au total.
👉 Autrement dit, il récupère à peine ce qu’il a cotisé, sans compter l’érosion monétaire :
un euro versé à 25 ans ne vaut évidemment pas un euro reçu à 65 ans.
Et s’il meurt à 75 ans ?
Le solde est purement perdu.
Aucune transmission, aucun capital.
Le fruit d’une vie de travail se dissout dans la “solidarité nationale”.
2. Le paradoxe moral
Ironie : plus votre métier est pénible, plus vous avez de chances de mourir tôt…
et donc de financer la retraite des autres sans profiter de la vôtre.
Une redistribution à l’envers, où les métiers physiques subventionnent malgré eux les carrières plus longues et sédentaires.
Le système est solidaire, certes.
Mais il l’est souvent au détriment de ceux qu’il prétend protéger.
3. Et si on appliquait la logique du capital ?
Imaginons que cet ouvrier place les mêmes 710 € par mois dans une épargne long terme, prudente (rendement annuel moyen de 4 %, équivalent à un portefeuille équilibré).
Au bout de 42 ans, il disposerait d’environ 590 000 € de capital.
💶 Cela permettrait :
• soit de se verser une rente de plus de 3 000 € par mois pendant 20 ans,
• soit de partir plus tôt,
• soit de laisser un capital transmissible à sa famille.
Même avec un rendement plus faible (2,5 %), le capital final atteindrait 440 000 €, soit encore supérieur à ce qu’il touche du système actuel.
4. Le modèle mixte : vertueux et soutenable
Personne ne prône la disparition de la solidarité.
Un minimum garanti par répartition, complété par une épargne obligatoire ou incitative par capitalisation, serait à la fois plus juste et plus durable.
C’est le modèle des trois piliers suisses :
• 1er pilier : solidarité nationale,
• 2e : épargne obligatoire de l’employeur,
• 3e : épargne personnelle libre.
Résultat : un système équilibré, transmissible, moins dépendant des naissances et surtout plus équitable entre catégories socio-professionnelles.
5. Question ouverte
Alors oui, la retraite par répartition a une valeur symbolique.
Mais est-ce encore un modèle vertueux quand ceux qui ont le plus donné reçoivent le moins ?
Ou, pour le dire autrement :
👉 Le vrai scandale n’est peut-être pas dans la capitalisation… mais dans le monopole moral de la répartition.









