“Cette fois-ci, c’est différent ?”
Voilà une phrase qu’on entend souvent avant les grandes corrections de marché.
Depuis plusieurs mois, les marchés américains évoluent à des niveaux de valorisation historiquement élevés. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer un indicateur que les investisseurs chevronnés considèrent comme l’un des plus fiables : le P/E de Shiller, ou CAPE ratio (Cyclically Adjusted Price-to-Earnings).
1. Qu’est-ce que le P/E de Shiller ?
Contrairement au Price/Earnings traditionnel, qui compare le prix actuel des actions aux bénéfices d’une seule année (souvent gonflés ou déformés par le cycle économique), le Shiller P/E compare le prix du marché à la moyenne des bénéfices réels des dix dernières années, ajustés de l’inflation.
👉 Ce calcul “lisse” les effets conjoncturels (récessions, relances, effets comptables) et offre une vision structurelle de la valorisation.
CAPE < 10 : marché sous-évalué (crises ou panique)
CAPE ≈ 15–20 : valorisation neutre, zone historique moyenne
CAPE > 30 : zone de surchauffe
CAPE > 40 : niveaux exceptionnels, rarement tenables à long terme
2. Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Le CAPE ratio du S&P 500 dépasse actuellement 40, soit l’un des niveaux les plus élevés de toute l’histoire boursière moderne.
Cela signifie que le prix payé par les investisseurs pour 1 dollar de bénéfice “moyen” sur 10 ans est 40 fois supérieur à ce bénéfice. Autrement dit, les marchés américains sont plus chers qu’à la veille de la bulle Internet, et presque autant qu’en 1929.
3. Ce que nous enseigne l’histoire
Année | Contexte | CAPE | Perf. S&P500 sur 5 ans | Perf sur 10 ans | Commentaires |
|---|---|---|---|---|---|
1929 | Euphorie post-Roaring Twenties | 32 | -76% | -60% | Krach historique, Grande Dépression |
1999-2000 | Bulle Internet | 44 | -40% | -24% | Explosion des valeurs technologiques |
2007 | Subprimes | 28 | -9% | +71% | Rebond dû au QE, mais très forte volatilité |
2021-2025 | Post Covid + IA | 30-40 | ? | ? |
4. Pourquoi c’est inquiétant… et instructif
1. Les bénéfices futurs sont déjà “dans les prix” Quand le marché paie 40 fois les bénéfices passés, cela suppose que la croissance future sera spectaculaire, une hypothèse rarement vérifiée dans la durée.
2. Le risque de “multiple contraction” Même si les entreprises continuent à croître, il suffit que le ratio retombe de 40 à 25 pour effacer près de 40 % de la valeur du marché.
3. Le pouvoir des liquidités et de la psychologie Les politiques monétaires ultra-accommodantes (2009–2022) ont modifié le rapport au risque : les investisseurs ont pris l’habitude d’être “sauvés” par les banques centrales. Mais en 2025, les taux réels positifs et la fin du QE changent la donne.
5. Les erreurs classiques des investisseurs
Investir “one shot” : Entrer massivement au plus haut, sans lisser dans le temps, c’est la meilleure façon de subir la prochaine correction. Penser long terme sans cohérence : Beaucoup évoquent des horizons de 30 ou 40 ans… mais changent de stratégie tous les 5–7 ans.
Oublier la diversification réelle : De 2000 à 2010, le S&P 500 a stagné (+0 %). Dans le même temps, l’immobilier parisien gagnait +150 %. Les portefeuilles équilibrés ont surperformé.
6. Les actifs réels : le retour du bon sens patrimonial
En période de valorisations extrêmes sur les marchés financiers, le capital se réoriente vers les actifs tangibles :
Immobilier prime : rareté structurelle, rendement net récurrent, décorrélation partielle. Private Equity et actifs non cotés : performance liée à l’économie réelle, non à la spéculation de marché. Infrastructures & tourisme : actifs résilients, indexés sur les prix (inflation hedge naturel).
Ces classes d’actifs offrent un rendement absolu, c’est-à-dire indépendant du cycle boursier. C’est précisément la philosophie des stratégies “Private Income” et “Private Value” promues par Welcome.
7. Ce qu’il faut retenir
Le P/E de Shiller n’est pas un outil de prédiction, mais un signal d’alerte. Plus il est haut, plus les rendements futurs attendus sont faibles. Le marché peut rester irrationnel longtemps, mais jamais éternellement. La prudence ne signifie pas “sortir du marché”, mais repenser l’allocation d’actifs : lisser les entrées, diversifier les sources de performance et s’ancrer dans le réel.
En conclusion
Les grandes crises financières n’ont pas seulement détruit du capital : elles ont rééduqué les investisseurs. À chaque cycle de surchauffe, les mêmes réflexes reviennent : euphorie, concentration, déni du risque.
Mais à long terme, ce sont les portefeuilles diversifiés, tangibles et disciplinés qui protègent le mieux le patrimoine. Et aujourd’hui, dans un monde où le Shiller dépasse 40, l’épargne réelle n’a jamais été aussi précieuse.
À retenir pour les conseillers :
Un portefeuille intelligent, ce n’est pas celui qui anticipe le prochain krach, mais celui qui n’en dépend pas. Donne moi une phrase très courte d'extrait de cet article et une description de l'article











