Vers un monde où la croissance ne détruit plus, mais relie.
1. “Growth is infinite.” – le nouveau manifeste industriel
« Growth is infinite. Growth in one area does not require decline in another. »
C’est par cette phrase qu’Elon Musk introduit le Master Plan Part IV de Tesla.
Depuis vingt ans, la firme californienne s’est imposée comme le symbole de la transition automobile.
Mais sous cette ambition environnementale s’esquisse aujourd’hui un projet beaucoup plus vaste : créer une “abondance soutenable”.
“We are building the products and services that bring AI into the physical world…
We are unifying our hardware and software at scale, and in doing so, we are creating a safer, cleaner and more enjoyable world.
This is sustainable abundance.”
Cette phrase concentre l’essence du virage : Tesla n’est plus un constructeur, c’est un architecte du réel, qui prétend redéfinir les trois flux fondamentaux de l’économie :
le travail, la mobilité et l’énergie.
2. Du produit à la plateforme : le paradigme de l’abondance
L’idée d’« abondance soutenable » repose sur une conviction :
l’innovation peut transformer la rareté en accessibilité, sans accroître la destruction.
Tesla ne cherche plus à vendre des objets mais à industrialiser des flux :
• Des heures de travail robotisées (via le robot humanoïde Optimus),
• Des kilomètres autonomes à très bas coût (Cybercab),
• Des mégawattheures stockés et pilotés (Tesla Energy).
Autrement dit, trois formes d’unités économiques : le temps, la distance, l’énergie.
Et chacune devient un actif monétisable, scalable, pilotable.
Cette architecture traduit un basculement :
de l’économie du bien à l’économie du flux,
de la possession à l’accès.

3. L’horizon : un monde de travail automatisé
La pierre angulaire du plan, c’est Optimus.
Un robot humanoïde conçu pour apprendre, s’adapter, et exécuter des tâches physiques répétitives.
Elon Musk affirme qu’à maturité, Optimus pourrait représenter jusqu’à 80 % de la valeur de Tesla.
Un chiffre vertigineux : si l’entreprise y parvient, elle ne vendra plus des véhicules,
mais du temps de travail automatisé.
“Optimus… is changing not only the perception of labor itself but its availability and capability.”
Ce scénario bouleverse la notion même d’emploi, de productivité, de valeur ajoutée humaine.
L’homme n’est plus au centre du travail ; il en devient le superviseur, voire le client.
La promesse ? Libérer du temps, réduire les coûts, accroître la sécurité.
Le risque ? Déplacer la frontière entre progrès et dépossession.
4. Le paradoxe de la croissance infinie
“Growth is infinite… shortages in resources can be remedied by improved technology.”
Cette profession de foi n’est pas seulement technologique, elle est philosophique.
Elle réactive un vieux rêve : celui d’une croissance affranchie des limites naturelles.
Tesla veut démontrer que l’innovation peut être soutenable :
que la technologie, lorsqu’elle est pensée comme un système intégré,
peut rendre les flux de production plus propres, plus circulaires, plus efficaces.
Mais derrière cette ambition plane une question essentielle :
Que devient une société où la technologie résout tout ?
Dans un monde où les robots produisent, les voitures se conduisent seules,
et les mégawatts s’équilibrent d’eux-mêmes,
la rareté se déplace du matériel vers le sens.











